Le GIS Gestes soutiendra deux manifestations scientifiques prévues en 2021 dans le cadre de l’AAP MS 2021 :

Le dialogue social, objet politique. Regards croisés de la sociologie et des sciences de gestion.

Cette journée d’étude est organisée à l’initiative d’Arnaud Mias (IRISSO – Université Paris Dauphine) et devrait se tenir le 29 mars 2021 à l’Université Paris-Dauphine.

Présentation du projet

Le dialogue social est devenu une catégorie de la pratique des relations professionnelles autant qu’un objet de recherche. Si les chercheur-es en sociologie et sciences de gestion s’y intéressent, ils et elles confrontent rarement leurs regards. Cette journée d’étude entend susciter un cadre pour une telle rencontre. Co­organisée par le Groupe de recherche thématique« dialogue social » de l’Association francophone de gestion des ressources humaines et le Réseau thématique 18 « relations professionnelles » de l’Association française de sociologie, elle vise à impulser un dialogue interdisciplinaire en présentant divers travaux consacrés à la catégorie et aux pratiques du dialogue social.
La thématique du dialogue social donne l’occasion de croiser les perspectives disciplinaires en partant d’un présupposé commun : le dialogue social est un objet politique, une catégorie qui a une histoire et qui n’est pas investie de la même manière par les différents acteurs sociaux (Béthoux, 2020; Bourguignon, 2018; Mias et al., 2016; Yon, 2018). Utilisé parfois comme un synonyme de la notion de relations professionnelles, le dialogue social peut aussi attirer l’attention sur la relation, plus ou moins problématique, entre les acteurs et les pratiques classiques des relations professionnelles (organisations représentatives, négociation collective, grèves, arbitrages de l’État…) et la montée en puissance de dispositifs managériaux. Si les pouvoir publics et certaines politiques d’entreprise se revendiquent du dialogue social et en promeuvent la nécessité, le rapport des syndicats de salariés et des employeurs à son égard reste davantage controversé.
Dans quelle mesure les points de vue, méthodes et questionnements disciplinaires font-ils écho à ces rapports différenciés au dialogue social ? Renvoient-ils avant tout à des cadres théoriques ou méthodologiques contrastés, ou bien plutôt à des positions institutionnelles et des conditions de production du travail scientifique qui permettent aux chercheur-es d’éclairer des aspects différents d’un même objet ? Si les sociologues ont peut-être davantage soumis la catégorie de « dialogue social » à la critique, en pointant notamment la diversité de ses acceptions et son instrumentalisation managériale, le regard des gestionnaires ne permet-il pas en retour de complexifier l’idée même de management?

Dans cette perspective, la journée d’étude du 29 mars 2021 comprendra la discussion de travaux et l’analyse des conditions d’exercice de la recherche empirique dans chacun des deux champs disciplinaires. Un premier temps introductif sera consacré à la présentation d’un état de la recherche sur le dialogue social. On s’interrogera notamment sur l’hypothèse de «managérialisation du dialogue social ».
Deux thèmes sont au cœur de la problématique du dialogue social et ont fait l’objet de recherches tant en sociologie qu’en sciences de gestion : la restructuration du paysage des institutions représentatives du personnel, marquée notamment par la fusion de celles-ci dans le Comité social et économique actée en 2017, et la volonté politique de « professionnaliser le dialogue social », par exemple avec la mise en place de formations sur le dialogue social communes aux employeurs, aux salariés et à leurs représentants.
Les communications présentées lors de cette journée porteront sur l’un ou l’autre de ces thèmes tout en abordant des enjeux transversaux

  • Que faire de la catégorie de Dialogue Social ? Objet de controverses régulières en sociologie, elle semble moins questionnée en tant que telle par les sciences de gestion qui l’utilisent comme synonyme de relations professionnelles. Des travaux ont été menés sur les différents registres du dialogue social, l’histoire et les usages de la catégorie ou sa relation à d’autres catégories proches comme la démocratie sociale. Ils permettent de nourrir le débat sur le rapport des chercheur-es à la notion. Tout le monde met-il le même contenu derrière la notion ou s’agit-il d’un « concept flou »? Son usage contribue-t-il à naturaliser une vision irénique de la régulation sociale et à dissimuler les divergences d’intérêts ?
  • Qu’entend-on par management ? Parce que le champ des relations professionnelles s’est construit sur l’opposition entre le « management», supposé être au service des actionnaires, et les travailleurs («Labour»), il a souvent reposé sur une approche homogénéisante de la fonction managériale. Or, s’il est possible de montrer l’hétérogénéité des travailleurs et de leurs représentations, il est également possible de montrer l’hétérogénéité du management. Il apparait ainsi que l’action et les stratégies des« managers» dans l’exercice des relations professionnelles dépendent du régime de gouvernance dans lequel ils prennent place. De même, les managers en charge de l’animation des relations professionnelles sont-ils réductibles aux fonctions centrales (direction générale, direction financière … ) de l’entreprise ? Se centrer sur le management conduit-il à faire l’impasse sur d’autres niveaux de représentations de la fonction employeur, notamment celui des organisations professionnelles, groupes d’intérêts et syndicats patronaux représentatifs ?
  • Quelle est la normativité et l’opérationnalité des recherches sur le dialogue social? La construction historique des recherches sur les relations professionnelles, en relation étroite avec les praticiens de ce champ d’activité, explique que la frontière entre la recherche académique et l’expertise y soit particulièrement fluctuante. À l’heure où la prospective publique s’interroge sur« l’efficacité du dialogue social», comment sociologues et gestionnaires conçoivent-ils leur rapport à la demande sociale, qu’elle émane des pouvoirs publics, des organisations professionnelles ou des entreprises? Il s’agirait aussi de revenir sur les travaux qui s’interrogent sur les notions de performance ou d’efficacité, voire d’effectivité.

Les présentations seront aussi l’occasion de réfléchir à l’état général des recherches autour du dialogue social, au rôle de dispositifs ou de projets emblématiques et/ou structurants (comme l’enquête Reponse), de réfléchir aux conditions de production du travail scientifique en saisissant les éventuelles différences au regard des commanditaires et partenaires, des ressources financières, de l’accès aux terrains … Elles permettraient aussi d’aborder la question de la valorisation des travaux de recherche, notamment en termes de publications académiques.
Béthoux E., 2020. Le dialogue social. Sociologie d’un concept controversé. Mémoire pour l’HDR en sociologie,
CNAM.
Bourguignon R., 2018. La condition politique du dialogue social. Structuration et intégration du syndicalisme dans l’entreprise. Mémoire pour l’HDR en sciences de gestion, IAE Paris / Université Paris 1 Panthéon­Sorbonne.
Mias A., Guillaume C., Denis J.-M. et P. Bouffartigue (coord.), 2016. « Quel dialogue social?», Nouvelle revue du travail, n°8.

Cette journée d’étude vise à impulser un dialogue interdisciplinaire entre les chercheurs qui, en sciences de gestion et en sociologie, investiguent la question des relations professionnelles.
Prenant appui sur deux réseaux disciplinaires, le GRT « Dialogue Social » de l’Association de Gestion des Ressources Humaines et le RT18 cc Relations Professionnelles » de l’Association Française de Sociologie, cette journée s’inscrit dans une démarche structurante avec deux bénéfices attendus:

  • l’approfondissement de l’exploration théorique de la notion de« dialogue social »;
  • le développement de coopérations dans le cadre de projet de recherches empiriques futures.

Les enjeux de cette manifestation scientifique

La Journée a ainsi été conçue comme une première occasion de rencontre entre chercheur-es des deux disciplines. C’est pourquoi la demande adressée au GIS Gestes a porté essentiellement sur la prise en charge de frais de transport, notre volonté étant de permettre à un maximum de collègues de prendre part à ces échanges. De même l’organisation de la journée prévoit que les communications de sociologues soient discutées par des gestionnaires et vice-versa.
Les organisateurs envisagent en outre de faire de cette journée le point de départ d’un séminaire de recherche co­organisé par le GRT et le RT18, afin de pérenniser ce cadre d’échanges interdisciplinaires.


Risques et ressources du travail émotionnel : quelle actualité ? Quelles perspectives théoriques et méthodologiques ?

Cette manifestation est portée par Eric Drais (Département Homme au travail – INRS) et Thomas Bonnet (Centre Max Weber – Université Lyon 2). Elle se déroulera fin 2021 à l’Université Lyon 2.

Présentation du projet

Les organisateurs souhaitent réunir des chercheurs qui ont développé des enquêtes mais aussi élaboré des concepts, des démarches ou des outils pour comprendre les risques et les ressources associées au travail émotionnel pour agir en prévention des risques professionnels. Les enjeux de ce colloque répondent à des exigences de recherche tant théoriques que pratiques formulées en trois points.
Le premier objectif est de portée théorique. Il vise à discuter la validité et la capacité heuristique de concepts interrogeant la thématique du colloque, à savoir comment la notion de travail émotionnel permet d’appréhender la question des risques au travail et des ressources pour l’action et la santé (cf. projet). Le travail émotionnel est une activité qui nous semble à valoriser et non seulement comme réponse aux exigences affectives externes au travail. En discutant des notions ou approches comme, entre autres, celles de répertoires d’action, de culture organisationnelle de prévention ou de contractualisation émotionnelle, les interventions permettront de {re)penser la notion de travail émotionnel dans ses capacités préventives. Au-delà des facteurs classiques de risques psychosociaux et sans nier ces risques qui y sont effectivement associés, il s’agira de montrer que les risques concernés par le travail émotionnel peuvent être étendus. Aussi la fonction du travail émotionnel nous semble importante à affirmer plus largement pour les approches de prévention portées par l’INRS.
Le deuxième objectif réside dans l’apport méthodologique du colloque. Si cette manifestation porte des considérations théoriques, l’enjeu est aussi de discuter des moyens méthodologiques de s’en saisir pour la connaissance ou l’action. L’approche pluridisciplinaire apparaît essentielle pour permettre d’enrichir les débats en proposant sur le format d’une table ronde et d’ateliers thématiques des moyens de penser certes les apports des techniques et outils mobilisés mais également leurs limites. Au-delà de perspectives purement méthodologiques, les organisateurs veulent aussi proposer aux intervenants de questionner les enjeux éthiques de la recherche traitant du travail émotionnel. Dans un contexte politique de valorisation de la qualité de vie au travail, une réflexion sur la place du travail émotionnel dans l’intervention ou la gestion parait essentielle.
Le troisième objectif du colloque est d’activer ou consolider des réseaux interdisciplinaires et internationaux de chercheurs se penchant sur la question des liens entre travail, états affectifs, activité, risques et prévention de ces derniers. En outre, la consolidation de passerelles entre des laboratoires CNRS, des chercheurs universitaires et l’INRS apparaît plus qu’opportune.